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Les îles : un quartier aux mille visages

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Pour cette rubrique, nous allons sortir du centre historique de la ville pour nous diriger vers un autre quartier à l’histoire tout aussi riche. Il s’agit de ce que l’on appelle « les îles ». Aucune partie d’Etoile ne peut porter aussi bien son nom que ce dernier.

Cela fait évidemment référence à la topographie du site en bordure de Rhône. Plusieurs générations de Drôme-ardéchois possèdent dans leur mémoire collective le souvenir des lônes, bras secondaire du Rhône dont l’alimentation en eau varie en fonction des saisons et qui témoignent d’une spécificité du cours d’eau. En effet, la tendance naturelle du Rhône est de former ce que l’on appelle un cours tressé c’est-à-dire où plusieurs bras s’entrecroisent au gré du temps et des courants. Et bien entendu, ce phénomène formait des petites iles qui vont donner leurs noms à ce quartier.

De cette particularité nait un paysage qui aura mille visages au cours des époques. Notez ainsi que, dans le cadastre de 1698, la zone correspondant au Calabert ne semble pas apparaitre. Elle ne fait manifestement encore pas partie des terres d’Etoile. On peut décemment soupçonner que ce rattachement de terre est issu de fluctuations du Rhône postérieures. Ce fameux Calabert était un ancien relais de halage pour les chevaux, bien évidemment postérieur à ce cadastre. On l’imagine assez mal avoir existé sur une île isolée ensuite rattachée, d’autant qu’à ce relais est nécessairement associé un chemin de halage. Le courant dans cette section étant particulièrement important, il devenait impossible aux convois de voyager à contre-courant sans l’aide d’animaux qui tiraient les embarcations avec des cordages le long de chemin aménagés à dessein. Il est donc nécessaire à ce stade d’imaginer les bords du Rhône totalement différents de ce qu’ils sont aujourd’hui. En particulier, il faut les voir sans arbres en bordure qui seraient autant d’obstacle à l’ouvrage des bêtes. Ce chemin de halage justement a manifestement changé de nombreuses fois d’itinéraire puisque l’on retrouve cette dénomination attribuée à une route bien éloignées aujourd’hui des bords du Rhône.

L’évolution topographique du quartier ce sont aussi des îles qui se forment et d’autres qui disparaissent : L’île de Saint Thomé actuelle est avant tout le résultat de l’inondation de 1840 qui va contribuer à repousser le lit du fleuve vers l’intérieur des terres, créant l’isolement de l’île. Les divers aménagements menés au cours des 19 e et 20 e siècles finiront de fixer ses limites. Au contraire, ces fameux aménagements des bords du Rhône vont contribuer à faire disparaitre une autre île : L’île du diable qui était encore visible dans les photos aériennes du début du siècle.

Tout ceci témoigne de la capacité qu’a le Rhône à remodeler en permanence ses abords en période de hautes eaux voire de crue. En 1840, les journaux de l’époque nous informent que la plaine d’Etoile est presque entièrement couverte par l’eau. En 1856, ces mêmes journaux parlent d’un lac quasi continu qui s’est formé entre Etoile et Montélimar. Pour mémoire, le débit moyen du Rhône à Etoile est de l’ordre de 1400 m3/s. Lors de la crue de 1856 il atteint 8600 m3/s et 7400 m3/s en 1896. En comparaison, celui de 1993 n’était que de 6700 m3/s. C’est-à-dire de l’ordre de 1940 et ses 6620 m3/s.

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